Le Journal d’une Wedding-Planner : CHAPITRE 1

Au fil de ce journal, j’ai décidé de vous raconter les plus beaux souvenirs de ma carrière mais aussi mes plus grosses galères. La vie d’une Wedding-Planner faîte de fou-rires et de larmes. Je voulais commencer ce recueil par l’un des mariages qui aura marqué ma vie à jamais… Linh, jeune vietnamienne pétillante au rire communicatif et Manu, steward parisien hyper-actif vivaient à Saigon mais souhaitaient se marier dans le Sud de la France afin de s’unir dans un endroit neutre et d’embarquer tous leurs convives pour 3 jours de fête incessante. Tous deux très occupés par leurs vies professionnelles n’avaient d’autre choix que de faire appel à une Wedding-Planner : MOUAAAA!!! Alors quand Linh m’a appelée avec un numéro de téléphone qui devait comporter une bonne trentaine de chiffres, j’ai cru tout d’abord que c’était une blague! Comment de l’autre côté du Monde, on pouvait m’avoir trouvée moi dans ma petite Provence profonde?! (merci Google!) Nous sommes restées à papoter plus d’1 heure, j’étais déjà séduite par cette petite pile électrique et tout en l’écoutant je me disais « faut que je l’ai, faut que je l’ai, faut que je l’aiiiii!!!! »…et je l’ai eu! Très encrée dans ses traditions, Linh souhaitait un mariage Franco-Vietnamien mais…vietnamien ++! Donc là en 30 secondes, tu penses…CELLULE DE CRIIIIISE!!!! Tu penses tout d’abord à aller traquer le resto viet’ d’à côté pour qu’il t’adopte pendant 1 an et que tu sois en immersion totale dans ce monde totalement inconnu! Mais tu sais que tu ne supportes pas la vue d’un canard laqué dans ton assiette plus de 30 secondes avant d’appeler Brigitte Bardot alors tu changes de plan! Plan B! Tu te passes en boucle « 7 ans au Tibet » mais tu réalises très vite que tu ne connais pas la carte du Monde et que tu aurais mieux fait de suivre les cours de géographie au lycée plutôt que de t’exercer à la contrée dans le petit bistrot d’à côté! Plan C! Tu arrêtes de courir! Tu respires! Tu te dis qu’après tout Google est ton ami! Mais c’était sans compter ma princesse du « soleil levant » (oui je sais c’est en Chine! je connais ma géographie maintenant non mais oh!). Bride chérie m’avait fait parvenir des bouquins, des CD de musiques traditionnelles (depuis mes voisins me regardent de travers!) et un coffre porte-bonheur (se doutait-elle que j’étais en perdition complète?…) Le mariage aura nécessité 1 an de préparatifs allant de découvertes en découvertes : - Le lieu de culte : bein oui! Les Vietnamiens se marient dans un temple suis-je bête! et en Provence…bein…euh!!!!…y’a pas de temples!!!!! Hop hop hop! on ne se disperse pas et on va leur emmener un temple sur le lieu de réception! Loin d’être « Bob le bricoleur », j’ai revu mes prétentions à la baisse et je leur ai fait construire un Autel sur-mesure…mais en kit! Soit des cubes de 300 kilos chacun (non je ne suis pas Marseillaise! ) à assembler moi-même une fois sur place et des kilomètres de tissus (tssss j’entends ce que vous dîtes!) en provenance directe d’Hong Kong car ils devaient être bénis là-bas…pour un résultat, ma foi…frenchy!lol Tout était prêt! Il n’y avait plus qu’à attendre le verdict du papa de la mariée qui avait droit de vie ou de mort sur mon Autel chéri qui devait répondre exactement aux critères religieux fixés par des rites ancestraux, sans quoi la cérémonie ne pouvait avoir lieu (autant vous dire que je n’en menais pas large et que je m’attendais à être brûlée vive au milieu des planches!) MAIS (roulement de tambours)!!!! Tout était conforme! (pioufff!!!) - Les invités : une joyeuse bande de potes et des membres de la famille à faire venir des 4 coins du globe sans en perdre un en chemin…ou alors juste un, on ne m’en aurait pas tenu rigueur La mairie était à Paris et le jour même ils devaient tous me rejoindre à Tarascon. Mais avant ça, les mariés souhaitaient divertir leurs invités (ou les épuiser, j’ai compris ça bien plus tard, vous comprendrez!)… « Love Bus » dans les plus jolies rues de Paris, « Love Boat » sur la Seine et bien entendu « Love Train » direction la gare d’Avignon où je les attendais . Légèrement en retard (oui bein je vous rappelle que j’avais un Autel à monter moi!), lorsque je suis arrivée, ils m’attendaient tous sur le quai de la gare en hurlant mon prénom! Grand moment de solitude mais une once de fierté tout de même j’avoue C’était le coup d’envoi d’un week-end…mmmm…attendez je pèse mes mots…ENORMISSIME!!! - Les Bonzes : Aaahhh ces bonzes…certainement LA rencontre que tu fais une seule fois dans ta vie!!! Ces petits bonhommes tout chauves en habits de lumière à qui il ne faut absolument pas parler (moi qui parle à un mur, je vous laisse imaginer l’ambiance!) ni même regarder et qui se nourrissent uniquement de glaces « Magnum » (mais aux amandes s’il vous plaît!) Une rencontre impressionnante, intimidante mais tellement passionnante! Mais le Bonze ne rigole pas! Le timing c’est le timing (une vraie wedding en puissance) alors en avant, tenues traditionnelles de circonstance, mes petits mariés chéris allaient vivre le moment le plus magique de ce week-end idyllique. Chants religieux, textes lus en vietnamien, je ne comprenais RIEN hormis la phrase apprise par coeur pour me présenter aux parents, tout ce que je savais c’est que l’émotion était trop forte pour moi. Cachée derrière un olivier, j’ai versé toutes les larmes de mon corps, soulagée d’avoir menée jusqu’au bout et sans fausses-notes cette incroyable expérience. Je me souviens que ce jour-là j’ai réalisé d’autant plus l’importance d’avoir une équipe soudée auprès de soi. Un coup de peigne de la coiffeuse et une retouche maquillage plus tard, j’étais repartie à mon poste afin de lancé le feu d’artifice qui servait à éloigner les mauvais esprits. Et tout ça dans le dos du propriétaire des lieux qui ne m’avait pas donné l’autorisation, oups! - La décoration : Ikea? Casa? Mes fournisseurs locaux? Ehhh non! Ça aurait été bien trop easy et tellement moins passionnant! La plupart des objets et des fleurs sont arrivés tout droit du Vietnam! Les orchidées, superbes, avaient survécues au voyage, les photophores intacts et les alcools pas même entamés Je manipulais chaque merveille avec précaution de peur que les ancêtres me lorgnent et me jettent un sors! C’est pas que, mais on devient très vite parano dans ce monde où tu peux finir « harakiri » ( oui je sais c’est au Japon, je connais ma géographie!). - La robe de mariée : certainement l’un des moments les plus drôles de cette aventure. Linh avait choisi une robe « Rosa Clara » à Paris et souhaitait que je monte la chercher (quoi!dépasser Avignon?!Mais attends j’ai pas tous mes vaccins moi!)…mais en Wedding disciplinée, j’ai donc pris le train pour la Capitale (avé l’accent!)… …ce qui veut dire aussi que j’ai repris le train pour retourner chez moi avec la Robe! Une angoisse qui a duré 3 longues et douloureuses heures! Je crois que je n’aurai pas eu aussi peur de perdre mon enfant à ce moment-là (oh on se calme les mères dévouées, je vous parle d’une « Rosa Clara » !!!! Outre le fait que la robe était imposante et que mon voisin de wagon doit encore faire des cauchemars à l’heure qu’il est, je ne me voyais pas dire à Bride chérie que j’avais égaré sa robe quelque part entre Paris et Marseille et qu’elle allait devoir porter un sari pour son Joli Jour (oui je sais c’est en Inde, je connais ma géographie!) Enfin tout ça pour vous dire que la vie de Wedding-Planner n’est pas de tout repos mais qu’elle m’apporte l’enrichissant humain que j’ai toujours recherché. Des rencontres d’ici et d’ailleurs qui m’ouvrent l’esprit et remplissent mon coeur. Ce couple d’amoureux restera à jamais dans ma vie de wedding et de femme. J’ai beaucoup ris, bon ok beaucoup pleuré aussi mais lorsque tu parviens à aller au bout de leur rêve, tu te dis que tu n’es peut-être pas là par hasard…

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